Variétés régionales aux confins sud-est de la Galloromania : multilinguisme, phénomènes de contact linguistique et glottopolitique

Panel no. 9 du 14ème congrès des francoromanistes allemands du 24 au 27 septembre 2024 à Passau

Lorenzo Filipponio (Università di Genova), Anja Mitschke (HU Berlin)

Conférences prévues

25 septembre 2024

16h00

L’impact de la politique linguistique française sur la vitalité de l’occitan du Périgord : approche diachronique et synchronique (Adrian Görke, Bordeaux)

La politique linguistique de l’Etat français poursuit une homogénéisation linguistique à l’intérieur de ses frontières, entreprise depuis la révolution française par les révolutionnaires jacobins (cf. Harguindeguy/Cole 2009, 944) et cimentée depuis le 4 octobre 1958 par l’article 2 de la constitution française « la langue de la République française est le français», ne laissant ainsi que très peu de place aux langues régionales et par conséquent également à la langue occitane, dont « l’espace recouvre le tiers sud de la France actuelle » (Martel 2009, 89).
La communication présente se concentre sur le territoire occitan du Périgord, présentant d’un côté un ensemble géographique pratiquement inchangé depuis son peuplement par la tribu gauloise des Pétrocoriens (cf. Fourment/Hiriart 2022, 52) ainsi qu’une disposition dialectale intéressante, car se situant à cheval sur deux zones dialectales de l’occitan : le limousin au nord et le languedocien au sud (cf. Stéphan 2013, 9).
Au vu de la classification de la langue occitane ainsi que de ses principaux dialectes parmi les langues en danger, cf. l’atlas des langues en danger dans le monde de l’Unesco, la communication se donne comme objectif de transposer ce constat sur le Périgord et de poursuivre un questionnement mêlant approche diachronique et synchronique en se demandant comment la politique linguistique de la France menée depuis la révolution française a-t-elle influencé la vitalité de l’occitan du Périgord jusqu’à nos jours ?
Afin de mener à bien l’objectif de recherche en question, la communication analysera dans un premier temps, en empruntant une approche diachronique, l’impact des mesures de politique linguistique française sur l’évolution du taux de locuteurs d’occitan au Périgord. Puis, l’attention portera sur la vitalité actuelle de l’occitan du Périgord en se concentrant notamment sur ses espaces d’usage privilégiés.
Les premiers résultats obtenus de l’enquête en cours à cet égard induisent à croire que l’on assiste à un recul dans l’utilisation de l’occitan du Périgord dans l’espace public-privé, mais constate un essor dans l’espace culturel-virtuel, susceptible d’éponger au moins une partie des pertes subies.

  • Fourment, Nathalie/Hiriart, Eneko. 2022. « Le Périgord haut lieu de la Préhistoire ». In : Michel Combet/Bernard Lachaise (eds.). Nouvelle histoire du Périgord. Cairn, 9-58.
  • Harguindéguy Jean-Baptiste/Cole, Alistair. 2009. « La politique linguistique de la France à l’épreuve des revendications ethnoterritoriales ». Revue française de science politique 59.5, 939-966.
  • Martel, Philippe. 2009. « Occitan, français et construction de l’état en France ». In : Denis Lacorne/Tony Judt (eds.). La politique de Babel. Du monolinguisme d’Etat au plurilinguisme des peuples. Paris : Karthala, 87-116.
  • Stéphan, Bernard. 2013. Le parler du Périgord. Bonneton : Clermont-Ferrand.

16h30

Les néolocuteurs de l’occitan : apprentissage, usage de la langue et expériences (Fiona Gehring, Freiburg)

Cette communication montrera les premiers résultats de mon étude qui porte, entre autres, sur les néolocuteurs de l’occitan. Les personnes du groupe cible qui se caractérisent par le fait d’apprendre de leur propre initiative une langue régionale ou minorisée qui ne leur a pas été transmise en famille, pourraient avoir le potentiel de freiner ou même d’arrêter la chute du nombre de locuteurs typique des langues régionales (cf. Morris/Williams 2000). L’apparition des néolocuteurs est un phénomène qui montre une dynamique récente : elle se dirige contre les processus de convergence à faveur de la langue officielle et possiblement contre la mort des langues régionales.
Basée sur des questionnaires, mon étude démontrera des caractéristiques des personnes suivant des cours de langue régionale. Bien que l’occitan soit peu institutionalisé, on trouve de nombreuses possibilités pour l’apprendre. Les apprenants interrogés fréquentent par exemple des cours pour adultes de différents organismes comme des associations locales ou supra-locales ou des cours à l’université.
Il s’agira d’en savoir plus sur le comportement et les attitudes linguistiques des apprenants, ainsi que d’examiner des indices qui aident à comprendre comment une personne devient néolocuteur. Le seul concept connu qui pourrait expliquer ce dernier aspect est basé sur les mudes (cf. Gonzalez/Puidgevall 2013) : Une personne peut changer son comportement linguistique suite à une expérience décisive qui l’entraine à attribuer une nouvelle signification à cette langue. Les premiers résultats d’analyse montreront des indices sur le rôle que jouent les mudes dans les trajectoires des néolocuteurs et l’accent sera mis sur les migrants et sur les néolocuteurs vivant en Val d’Aran.
Les données sur lesquelles les analyses se basent sont des réponses d’environ 350 apprenants de l’occitan de France et d’Espagne rassemblées entre novembre 2023 et janvier 2024. Ils ont répondu à des questions par rapport à leur biographie linguistique, c’est-à-dire à leur apprentissage et leur usage de la langue, leurs motivations d’apprendre et de parler et développements de ces aspects. Des questions d’identité et de personnalité sont également inclues. En catégorisant et en comparant les témoignages, les profils récurrents des personnes retrouvées parmi les participants seront démontrés et cela dévoilera à quel point ils diffèrent d’un contexte à l’autre ce qui fera également découvrir quelques cas particuliers difficilement catégorisables.

  • Grinevald, Colette & Michel Bert, Michel. 2011. « Speakers and communities ». In : Peter K. Austin/Julia Sallabank (eds.). The Cambridge Handbook of Endangered Languages. Cambridge : Cambridge University Press (Cambridge Handbooks in Language and Linguistics), 45–65.
  • Gonzalez, Isaac/Pujolar, Joan. 2013. « Linguistic „Mudes“ and the De-Ethnicization of Language Choice in Catalonia ». International Journal of Bilingual Education and Bilingualism 16/2, 138–152.
  • Morris, Delyth & Glyn Williams Glyn. 2000. Language Planning and Language Use : Welsh in a Global Age. Cardiff : University of Wales Press.
  • O’Rourke, Bernadette/Pujolar, Joan/Ramallo Fernando. 2015. « New speakers of minority languages: the challenging opportunity – foreword ». International Journal of the Sociology of Language 231, 1–20.

17h00

Quels sont les défis de parler francoprovençal, occitan et corse ? Une analyse à l’aide de l’échelle d’auto-efficacité linguistique (Anja Mitschke, Berlin)

Le concept du sentiment d’efficacité personnelle (cf. Bandura 1997), très connu en psychologie depuis presque 50 ans, s’est avéré valide et fiable pour prédire la réalisation des intentions dans de divers domaines tels que la médecine, le sport, l’apprentissage, etc., mais il n’a pas encore été appliqué au contexte des langues minoritaires. L’auto-efficacité est défini comme la croyance d’un individu en ses propres capacités à accomplir une tâche. Plus un individu est convaincu d’atteindre un but, plus il est probable qu’il réussira ; le niveau objectif d’expertise individuelle est moins déterminant que la confiance en soi de pouvoir maîtriser une situation exigeante.
Il paraît logique d’utiliser la méthode de mesurer le sentiment d’efficacité personnelle aux locuteurs des langues minoritaires : plus ils sont sûrs de pouvoir gérer une situation communicative en langue minoritaire, plus ils vont y réussir et ainsi promouvoir leur langue. Par conséquent, il n’est pas si important de savoir parler parfaitement la langue en question, mais il est plus significatif d’oser de la parler le plus souvent possible, vu qu’en général les langues minoritaires sont stigmatisées et repoussées aux niches communicatives.
L’évaluation de l’auto-efficacité linguistique permet de jeter un coup d’œil sur la vitalité et l’emploi futurs d’une langue. L’avenir des langues comme le francoprovençal, l’occitan et le corse qui sont en concurrence avec les langues officielles dépend de manière décisive du comportement de la communauté des locuteurs dans l’entourage plurilingue. Un sondage avec trois sous-questionnaires concernant les choix de langue en général, la vie privée et la vie professionnelle a été créé selon les instructions données par Bandura (2006). Chaque partie se compose de dix affirmations auxquelles les informateurs ont dû attribuer une valeur entre 0 et 100 pour indiquer à quel degré ils sont convaincus de savoir gérer la situation proposée en langue minoritaire. 250 internautes ont participé au sondage publié sur facebook en 2022. L’analyse des réponses des locuteurs issus des trois domaines linguistiques montrera combien les défis de choisir la langue minoritaire divergent par rapport à plusieurs paramètres. Le degré de persistance à parler la langue minoritaire peut être une indication quant au succès des activités glottopolitiques mises en œuvre dans les régions en question.

  • Bert, Michel/Costa, James/Martin, Jean-Baptiste. 2009. ETUDE FORA. Francoprovençal et occitan en Rhône-Alpes. Lyon : Institut Pierre Gardette, INRP, ICAR, DDL.
  • Bandura, Albert. 1997. Self-efficacy. The exercice of control. New York : W.H. Freeman & Co.
  • Bandura, Albert. 2006. « Guide for constructing self-efficacy scales ». In : Pajares, Frank/Urdan, Tim (eds.). Self-efficacy beliefs of adolescents. Greenwich (CT) : Information Age Publishing, 307–337.
  • Jaffe, Alexandra. 2005. « La polynomie dans une école bilingue corse : bilan et défis ». Marges linguistiques 10, 282–300.
  • Puozzo Capron, Isabelle. 2014. Le sentiment d’efficacité personnelle d’élèves en contexte plurilingue. Le cas du français au secondaire dans la Vallée d’Aoste. Bern et al. : Peter Lang.

20h00

Souper de notre panel

26 septembre 2024

09h00

‘Patois’ vs ‘francoprovençal’ : les représentations de la langue autochtone dans le volet bressan du corpus DicoFranPro (Manuel Meune, Montréal)

Déjà bien représentée dans la littérature « classique » (Uchard 1615, 1619 ; Brossard 1675) et la tradition dialectologique (Duraffour 1969), la Bresse savoyarde (Bourg-en-Bresse) a vu depuis le tournant du siècle se multiplier les glossaires (Tuaillon 1994, Martin 1996, Dauvergne 2006, Piroux 2012), mais aussi des découvertes et éditions de textes anciens. Toutefois, malgré l’existence d’un petit bassin de locuteurs actifs, il existe peu d’études (socio-) linguistiques sur les parlers bressans contemporains, qu’il s’agisse de leur évolution sous l’influence du français (Meune 2021, 2025) ou des représentations des langues en présence (‘patois bressan’, francoprovençal, français, voire anglais ou allemand). Si l’on peut avoir accès à ces représentations par des entretiens menés en français (Bert et al. 2009, Pivot 2014), rares sont les entrevues menées dans la langue pour recueillir ce type d’informations. Dans un contexte de dilalie (Berruto 1987, 2020) extrême, la tâche paraît ardue.
Le corpus à la base du dictionnaire en ligne DicoFranPro (https://dicofranpro.llm.umontreal.ca/), lancé en 2016 et financé par l’Université de Montréal et la région Rhône-Alpes, peut combler en partie cette lacune. DicoFranPro offre, pour son volet bressan, 14 000 exemples audio librement accessibles. Quant au fichier Excel correspondant (non disponible en ligne), comportant dans la première colonne des lemmes du français (ordre alphabétique), il reproduit ces énoncés provenant d’émissions de radio et, surtout, d’entretiens que j’ai menés auprès d’une trentaine de locuteurs (néo-)natifs depuis le début du 21e siècle. Dans les autres colonnes, les exemples audio sont transcrits en écriture phonétique dite de Conflans (CCS 1995), puis en graphie supradialectale ORB (Stich 2003) comme « graphie de dialogue » entre diverses variétés du domaine francoprovençal (v. Lamuela 2017, Meune 2019) – à quoi s’ajoute ensuite la traduction en français.
Dans cette riche base de données, la recherche par mots-clés permet de cibler divers champs sémantiques ou caractéristiques de la langue, et nous proposons, dans cette communication, de faire ressortir les représentations des langues en nous concentrant sur certains termes. Ainsi, pour les équivalents du lemme « patois », on trouve quelque 500 occurrences dans la colonne « Conflans » et 1000 dans la colonne pour le français (la différence s’expliquant par l’ajout de précisions sur le sujet abordé lorsque ça n’est pas manifeste). Dans la colonne « Conflans », le concept de « francoprovençal » est peu présent (40), mais il fournit des informations pertinentes. Cette même colonne recèle environ 120 occurrences pour « français », 220 pour « école » – sans oublier des termes comme « parler » (800), « comprendre » (100) ou « écrire » (70). Ces énoncés relevant de la réflexion sur la langue nous permettront d’observer comment sont articulés les thèmes suivants (même si les termes techniques ne sont pas prononcés par les locuteurs): la variation linguistique, la politique scolaire et la domination linguistique, la conscience linguistique individuelle et son évolution, le rapport à l’écriture, à l’apprentissage ou à la transmission du ‘patois’, l’opposition entre ‘pureté linguistique’ et mélange, ou encore certaines questions liées à la reconnaissance de la langue autochtone.

  • Bert, Michel/James Costa/Jean-Baptiste Martin. 2009. Étude FORA. Francoprovençal et occitan en Rhône-Alpes. Lyon : Région Rhône-Alpes.
  • Berruto, Gaetano. 1987. Lingua, dialetta, diglossia, dilalia. In : G. Holtus & J. Kramer (éds.). Festschrift für Žarko Muljačić. Romania et Slavia Adriatica, Hamburg: Helmut Buske, 57-81.
  • Berruto, Gaetano. 2020. « Langue, dialecte, diglossie, dilalie » [trad. par D. Elmiger & M. Matthey]. Langage et société 171(3), 55-87.
  • Brossard de Montaney. 1870 [1675, 1783]. L’Enrôlement de Tivan. Comédie bressane en un acte & en vers [Nouvelle édition traduite et annotée par Philibert Le Duc]. Bourg-en-Bresse : Gromier Aîné.
  • Centre de la culture savoyarde (CCS). 1995. Écrire le patois. La graphie de Conflans pour le savoyard. Taninges : PAO.
  • Dauvergne, François. 2006. « Préface ». In: Amis du Patrimoine de Manziat (éd.). Le patois de Manziat. Glossaire patois-français français-patois. Feillens : Monterrat, 9-13.
  • Duraffour, Antonin. 1969. Glossaire des patois francoprovençaux [publié par L. Malapert, M. Gonon, dir. par P. Gardette]. Paris : Éditions du CNRS.
  • Lamuela, Xavier. 2017. « Une orthographe englobante pour le francoprovençal? Avantages et difficultés », Nouvelles du Centre d’études francoprovençale René Willien 75, 68-98.
  • Martin, Jean-Baptiste (éd.). 1996. Qu’elle était riche notre langue! Glossaire du patois bressan de Saint-Étienne-du-Bois. Bourg-en-Bresse : Maison de pays en Bresse.
  • Meune, Manuel. 2019. « Écrire en francoprovençal de la Bresse à Fribourg : unité originelle, graphies régionales et approche supradialectale ». In : Région autonome de la Vallée d’Aoste. Regards croisés sur la standardisation du francoprovençal [Actes de la Conférence annuelle […] du CEFP, Saint-Nicolas, 11 novembre 2017], Aoste : RAVdA, 75-93.
  • Meune, Manuel. 2021. « L’ôtôroute ou la grè-routa? Le parler bressan de Raymonde Roch dans les années 2010, entre conservatisme et modernité ». Nouvelles du Centre d’études francoprovençale René Willien 78, 35-53.
  • Meune, Manuel. à paraître (2025). « Le francoprovençal bressan en contexte de dilalie extrême. Analyse du parler contemporain de Romenay par le biais du DicoFranPro ». In: Région autonome de la Vallée d’Aoste. Par-delà la dialectologie. De l’étude de la variation vers la gestion de la complexité [Actes de la Conférence annuelle […] du CEFP, Saint-Nicolas, 14 octobre 2023].
  • Piroux, Hippolyte. 2012. Le parler franco-provençal. Patois bressan des localités situées à l’ouest de Bourg-en-Bresse, reprographié par l’auteur.
  • Pivot, Bénédicte. 2014. Revitalisation de langues postvernaculaires : le francoprovençal en Rhône-Alpes et le rama au Nicaragua. Thèse de doctorat, Lyon 2.
  • Stich, Dominique. 2003. Dictionnaire francoprovençal/français – français/francoprovençal. Thonon-les-Bains : Le Carré.
  • Tuaillon, Gaston. 1994. « Préface ». In: Association Les Viriatis et le patois de Bresse (éd.). Vie quotidienne en Bresse. Glossaire du patois bressan. Bourg-en-Bresse: Musée des Pays de l’Ain, 13-15.
  • Uchard, Bernardin. 1619. La Piémontoize en vers bressan. Dijon : Claude Guyaut.
  • Uchard, Bernardin, 2015 [1615]. Lo Guémen d’on povro labory de Breissy sur la pau que l-a de la garra [éd. critique et trad. française par F. Dauvergne]. Bruges (F): Aquaprint [Lingua Brayssanda – scripta 32, 2023].

09h30

Le traitement des noms propres dans l’aire francoprovençale, entre tra-duction et tra-hison (Christiane Dunoyer, Saint-Nicolas)

Au fil du temps, tout au long des recherches menées sur les pratiques et les représentations linguistiques dans l’aire francoprovençale, à cheval entre la France, l’Italie et la Suisse (Dunoyer 2018 ; 2019 ; Bichurina et Dunoyer 2021), un corpus de données s’est constitué de manière transversale, répondant à la question suivante : comment les différentes catégories de locuteurs traitent les noms propres à l’intérieur d’un discours, selon la langue utilisée, dans les différentes régions où le francoprovençal est pratiqué.
Il en ressort une variété assez surprenante de comportements linguistiques dont l’analyse est révélatrice des représentations linguistiques mises en avant par les différentes communautés (Bichurina 2019 ; Meune 2021). Ce sera à travers le prisme de l’anthropologue qui étudie les faits sociaux et culturels de ces communautés, que cet aspect, en principe linguistique, sera ici abordé.
Notre contribution sera structurée en deux parties. Dans la première partie, nous décrirons les différents traitements des noms propres en catégorisant les locuteurs et leur région d’appartenance, mais également en détaillant la variation des comportements pour un même locuteur, selon la langue utilisée dans le discours. En Vallée d’Aoste, territoire plurilingue où le francoprovençal est pratiqué au quotidien par une partie de la population, à côté de deux langues co-officielles, le français et l’italien, l’intraduisibilité des noms propres est une règle partagée par une large majorité des habitants et par les institutions, qu’elles soient locales ou nationales (télévision publique, école, etc.), si bien que l’écart est considéré comme une “faute”. Cette même notion de faute, ne connaît pas la même intransigeance côté français ou suisse, où le standard français joue un rôle hégémonique majeur, avec pourtant des différences locales : par exemple dans le canton de Vaud les noms de localités se terminant par -ens sont prononcés -an comme en français standard, alors que dans le canton de Fribourg la prononciation francoprovençale est respectée. Quant aux noms se terminant par -az, syllabe atone en francoprovençal, sont prononcés avec un a tonique en Suisse romande et sur le territoire français (mais pas en Vallée d’Aoste), alors que la prononciation du z final (observable massivement auprès de locuteurs francophones ou italophones non originaires de l’aire francoprovençale) n’est pas acceptée.
Dans la deuxième partie, nous analyserons les différents cas de figure en les mettant en relation avec les représentations linguistiques dominantes, ce qui nous amènera à identifier une polarisation des pensées relativement à la question de la traduction (perçue tantôt comme inévitable tantôt comme superflue). En effet, deux attitudes opposées se profilent (la traduction systématique et le refus de la traduction, avec des situations intermédiaires plus nuancées, bien entendu) et font émerger une réflexion sur la densité ontologique du nom propre (dans le sillage de l’anthropologie des noms propres : Bromberger 1982 et Molino 1982) qui, selon les communautés de locuteurs, est considéré tantôt comme un élément purement linguistique, tantôt comme un attribut extérieur intimement lié à l’entité sous-jacente : dans un cas, la traduction est possible et légitime, dans l’autre cas elle soulève des questions d’ordre éthique et politique en s’apparentant à une trahison.
Après avoir mis en relation ces différents aspects de la question, notre conclusion propose une lecture plus globale du phénomène à l’échelle des grandes idéologies qui travaillent le continent européen au cours de ces derniers siècles.

  • Bichurina, Natalia. 2019. L’émergence du francoprovençal. Langue minoritaire et communauté autour du Mont-Blanc. Pessac : Maison des sciences de l’homme d’Aquitaine.
  • Bichurina, Natalia et Dunoyer Christiane. 2021. « Francoprovençal, patois, langue savoyarde, arpitan… Histoire et pratiques contemporaines de la langue francoprovençale en pays de Savoie ». Dossiers du Musée Savoisien, Revue numérique, 7.
  • Bromberger, Christian. 1982. « Pour une analyse anthropologique des noms de personne », Langages 66, 103.
  • Dunoyer, Christiane. 2018. « Pratiques linguistiques et représentations autour de l’intercompréhension ». In : Kasstan, Jonathan R./Nagy, Naomi (eds.) ‘Francoprovençal : documenting a contact variety in Europe and North America’, International Journal of the Sociology of Language 249, 151-166.
  • Dunoyer, Christiane. 2019. « Des besoins différents autour d’une forme standardisée », Actes de la conférence annuelle sur l’activité scientifique du Centre d’études francoprovençales Entre Europe et Amérique du Nord : Regards croisées sur le francoprovençal. Saint-Nicolas, le 11 novembre 2017. Région autonome Vallée d’Aoste, Assessorat de l’éducation et de la culture, 95 – 101.
  • Meune, Manuel. 2021. « Le français, langue du lieu ou langue d’ailleurs? Le discours sur le francoprovençal dans Le peuple valdôtain (2000-2018) ». Ponti/Ponts 1(20), 121-147.
  • Molino, Jean. 1982. « Le nom propre dans la langue ». Langages 66, 5.

10h00

Perspectives diachroniques sur l’évolution des termes d’origine francoprovençale dans le français régional du Valais (Céline Rumpf, Neuchâtel)

Cette communication se consacrera à la vitalité de mots attestés en francoprovençal qui possèdent des équivalents similaires dans le français régional du canton du Valais, en Suisse romande. On pense notamment à des mots tels que darbon (« taupe »), tachon (« blaireau »), carotte rouge (« betterave ») ou huitante (« quatre-vingts »), comme exemples d’éléments qui semblent, a priori, ancrés dans le lexique de cette région francophone. L’objectif de cette recherche est de mettre en lumière l’influence du substrat francoprovençal sur le français parlé en Valais.
Après un examen de l’Atlas Linguistique de la France (ALF), la consultation de relevés dialectaux tels que les Tableaux Phonétiques des Patois Suisses romands (TPPSR), l’étude de dictionnaires de patois (Maître, Flückiger, Pannatier 2019 ; Favre 2002 ; Follonier-Quinodoz 1989), nous avons soigneusement sélectionné 45 mots à tester. Pour évaluer la vitalité de ces éléments lexicaux, des entretiens ont été conduits avec des locuteurs issus de différentes localités valaisannes, avec un quota de huit individus par localité[1]. Afin de tester la vitalité des termes candidats, on a présenté à chaque témoin un diaporama d’images mettant en scène lesdits items, et en les invitant à décrire ce qu’ils voyaient à l’écran. L’objectif était de déterminer si le locuteur proposait spontanément l’item lexical issu du francoprovençal ou s’il optait pour l’item lexical standard, tel qu’on le trouve dans les dictionnaires du français référence, sans marque régionale.
L’analyse des données s’est déroulée simultanément sur deux plans, grâce à un outil commun : la cartographie. Les données issues des diverses ressources dialectologiques (ALF, TPSR) ainsi que celles recueillies sur le terrain seront traitées de manière que leurs résultats puissent être cartographiés, facilitant ainsi leur intégration dans un espace linguistique spécifique. Le traitement des données s’est fait principalement à l’aide du logiciel R, un outil puissant permettant de trier, de coder et de réaliser des calculs statistiques sur les résultats de chaque corpus, tout en facilitant la création des cartes[2].
Enfin, nous avons entrepris une analyse comparative des cartes sur le plan diachronique, en confrontant les ressources dialectologiques plus anciennes avec les données actuelles collectées sur le terrain. Comme mentionné précédemment, l’échantillon de participants offrira une opportunité d’interpréter les données en observant les variations en fonction de l’âge des participants. En somme, cette méthodologie complète vise à offrir une compréhension approfondie de la dynamique lexicale dans le français régional du Valais, établissant ainsi des liens entre les influences francoprovençales historiques et les expressions contemporaines. Nous observerons des phénomènes de concordances entres les aires de réalisation des items lexicaux issus du francoprovençal et ceux du français régional. Nous aurons aussi l’occasion de repérer d’autres phénomènes, tels que l’expansion de l’utilisation d’un régionalisme : un mot provenant d’un patois local intègre le français local et se diffuse, par la suite, dans d’autres régions.

  • Gilliéron, Jules/Edmont, Edmond. 1902. Atlas linguistique de la France. Paris : H. Champion.
  • Boersma, Paul/Weenink, David. 2024. Praat. (Version 6.3.03) [Logiciel]. https://www.fon.hum.uva.nl/praat/ (04.03.2024).
  • Favre, Victor. 2002. Dictionnaire français – patois d’Isérables. Isérables: V. Favre.
  • Follonier-Quinodoz, Marie/ Knecht, Pierre. 1989. Olèïnna : dictionnaire du patois d’Evolène. La Sage/Evolène : E. Follonier.
  • Maître, Raphaël/Flückiger, Eric/Pannatier, Gisèle. 2019. Dictionnaire du patois de Bagnes – Lexique d’un parler francoprovençal alpin. Bagnes : Éditions des Patoisants de Bagnes.
  • Gauchat, Louis/Jeanjaquet, Jules/Tappolet, Ernst. 1925. Tableaux phonétiques des patois suisses romands : relevés comparatifs d’environ 500 mots dans 62 patois-types. Neuchâtel : Glossaire des patois de la Suisse romande.

[1] Dans la perspective d’une analyse diagénérationnelle, nous avons délibérément sélectionné, pour chaque point d’enquête, quatre locuteurs âgés entre 16 et 35 ans et quatre locuteurs âgés entre 65 et 90 ans.
[2] Étant donné que les données sont collectées sous forme d’enregistrements vocaux lors des entretiens avec les locuteurs, la première étape a consisté à annoter et à coder ces enregistrements à l’aide de Praat (Boersma & Weeninck, 2023) afin de pouvoir les utiliser dans R.

10h30

Pause café

11h00

Des mots occitans ou francoprovençaux qui sont entrés dans les régionalismes du français en Rhône-Alpes (Claudine Fréchet, Lyon)

Alors que la politique de l’Etat-Nation peut tendre à une uniformisation linguistique, le français dans sa variété contribue à l’identité socio-culturelle en Rhône-Alpes comme dans tout espace francophone. Le régionalisme, signe linguistique, est présent dans tous les champs sémantiques, on le trouve aussi sur le plan morpho-syntaxique et sur le plan phonétique. La même forme peut se trouver sur un espace situé en domaine dialectalement occitan ou francoprovençal.
Les régionalismes peuvent contribuer à l’enrichissement du français par l’apport de nouveaux termes, lorsqu’ils sont des formes francisées empruntées à un autre système linguistique. La présence de ces régionalismes peut souvent être justifiée par leurs racines locales, leur lien avec l’occitan ou le francoprovençal selon les lieux, mais aussi par leur utilité, puisque certains contribuent à la désignation d’éléments ou de réalités, qui n’ont pas de terme spécifique en français.
Le signe régional est présent dans tous les champs sémantiques : animé (humain, animaux…), végétaux, météorologie, les objets du quotidien et les objets techniques… Les signes qui sont utilisés pour désigner les réalités locales, comme les référents qui leur sont rattachés, sont circonscrits géographiquement. C’est notamment le cas de signes en rapport avec les pratiques culinaires locales : le pantin « biscuit en pâte dure et rose de diverses formes », le suisse « biscuit épais en forme de bonhomme fait avec des écorces d’oranges confites ».
Le signe régional est présent dans toutes les catégories grammaticales du français. Bien souvent le signe régional ne comporte pas qu’un signifiant ; la séquence acoustique peut varier entre les différents utilisateurs d’un même lecte (ex. : abouchon / abouchou « 1.1. „face contre terre, à plat ventre (d’un animé)“, 1.2. „à quatre pattes“, Haute-Loire (Velay). 2. „renversé (d’un objet)“, 3. „sens dessus dessous, en désordre“ » ; abialer / abiarer « creuser des biefs d’irrigation »). Cela ne gêne pas pour autant l’intercompréhension. Cependant, si le signifiant peut varier, le rapport entre le signifié et le concept est fixe. C’est sans doute le seul point commun à l’ensemble des régionalismes.
Après une présentation de quelques types de régionalismes, à l’aide d’exemples, je présenterai le rapport entre le signifié et le concept d’un signe régional, et montrerai que le régionalisme peut reposer sur une interprétation culturelle et géographique circonscrite de la réalité. A partir d’un élément constitutif du signe régional, le concept, il sera possible d’aborder l’histoire du régionalisme et les particularités du rapport signe/référent.

  • Berrendonner, Alain et al. 1983. Principes de grammaire polylectale. Lyon : P.U.L.
  • Bouvier, Jean-Claude/Martel, Claude. 1975-1985. Atlas linguistique et ethnographique de la Provence, 3 vol. Paris : C.N.R.S. (= A.L.P.).
  • Dondaine, Colette. 2002. Trésor étymologique des mots de la Franche-Comté. Strasbourg : Société de Linguistique Romane (= TEFC).
  • Duraffour, Antonin. 1969. Glossaire des patois francoprovençaux, Paris : C.N.R.S. (= GPFP).
  • Fréchet, Claudine. 2015. Dictionnaire des régionalismes de Rhône-Alpes. Paris : Champion.
  • Gardette, Pierre. 1950-1968. Atlas Linguistique et ethnographique du Lyonnais, 4 vol. Paris : C.N.R.S. (= ALLy).
  • Gauchat, Louis et al. 1934-. Glossaire des patois de la Suisse Romande, Neuchâtel/Paris : V. Attinger (= GPSR).
  • Glessgen, Martin D./Thibault, André (eds.) 2005. La Lexicographie différentielle du français et le Dictionnaire des régionalismes de France. Strasbourg : P.U.S.
  • Martin, Jean-Baptiste/Tuaillon, Gaston. 1971-1982. Atlas Linguistique et ethnographique du Jura et des Alpes du Nord (Francoprovençal central), 3. vol. et un index. Paris : C.N.R.S. (= ALJA).
  • Nauton, Pierre. 1957-1963. Atlas Linguistique et ethnographique du Massif Central, 5 vol. et un index. Paris : C.N.R.S. (= ALMC).
  • Rézeau, Pierre. 2001. Dictionnaires des régionalismes de France : Géographie et histoire d’un patrimoine linguistique, Bruxelles : De Boeck – Duculot.

11h30

Le Nissart en contact linguistique : l’influence française et italienne sur la réalisation de l’accord chez les locuteurs et locutrices du Nissart (Nicolas Peyrou, Munich)

Il ne fait aucun doute que l’histoire de la ville de Nice est fortement liée à celle de l’Italie. C’est ainsi que les comtés de Nice et de Savoie n’ont été cédés à la France qu’en 1860, dans le cadre du traité de Turin (Pescarini 2021, 2 ; Wagner 2011, 400). Cet événement a bien entendu eu des répercussions linguistiques : quant aux langues-toit, toute la région a subi l’influence de l’italien et du français (Pescarini 2021 : 2) et la variété régionale de Nice, le Nissart, ne semble pas non plus en être exempte.
Pour ce qui est de ce parler, nous constatons tout de suite qu’une classification se révèle difficile. Del Giudice (2021, 241) fait remarquer que « selon la tradition des études occitanes, le niçois n’est qu’une variété de provençal ». Celle-ci est néanmoins controversée et ainsi certains affirment que le Nissart est une variété mixte ligure-occitane tandis que d’autres prétendent que le Nissart présente des caractéristiques du vieux piémont et du frioulan, avec seulement une légère influence provençale (Blackwood/Tufi 2015, 49–50). Selon certains chercheurs il s’agirait même d’une variété indépendante du provençal, ce qui ne s’est néanmoins jamais vérifié sur le plan linguistique (Sumien 2007, 33). Pour notre communication, il convient tout de même de considérer le nissart comme le dialecte occitan de la ville de Nice (Pescarini 2021, 1), parlé dans le Comté de Nice et sa banlieue (Gasiglia 1984, 72). Renforcé par les différentes tentatives de classification, nous remarquons que le Nissart semble avoir son propre caractère. On peut citer l’exemple du marquage du pluriel, qui se réalise (pour la plupart) à l’aide de déterminants et d’adjectifs (Gasiglia 1984, 117), car « les substantifs nissarts ont perdu toute marque de nombre » (Gasiglia 1984, 117). Cela diffère du marquage du pluriel sigmatique en français et des autres variétés occitanes, généralement réalisé par l’ajout d’un –(e)s à la forme du singulier du substantif (cf. Cichon 2002, 34–35) ainsi que l’italien, où le pluriel se réalise généralement par un changement de la voyelle finale (Maiden 2016, 697).

(1) a. niss. la bella filha ‛la belle fille’
      b. niss. li belli filha ‛les belles filles’

Cette contribution cherche à présenter des tendances actuelles dans la façon de faire l’accord en genre et en nombre dans la phrase nominale chez les locuteurs et locutrices du Nissart. Les données de l’analyse s’appuient sur des entretiens avec un total de 7 locuteurs natifs, enregistrés en 2022 dans le cadre d’une enquête de terrain. Une attention particulière sera accordée aux différentes réalisations de l’accord, compte tenu de l’origine des participants et de leur données sociodémographiques. Nous verrons que l’accord de la phrase n’est pas toujours constant et que certains phénomènes linguistiques diffèrent de ceux décrits dans la grammaire du Nissart de Gasiglia (1984). Nous remarquerons par exemple que certains participants, à l’instar de l’italien, marquent le pluriel non seulement à l’aide des déterminants, mais aussi directement sur le substantif par un changement de la voyelle finale :

(2) [de.kˈa.ta.nˈe.gʁi] ‛des chattes noires’ vs [de.kˈa.ti nˈe.gʁi] ‛des chattes noires’

La question de savoir dans quelle mesure il s’agit d’effets du contact linguistique avec le français et/ou l’italien sera discutée.

  • Blackwood, Robert/Tufi, Stefania. 2015. The linguistic landscape of the Mediterranean : French and Italian coastal cities. Basingstoke : Palgrave Macmillan.
  • Cichon, Peter. 22002. Einführung in die okzitanische Sprache. Bonn : Romanistischer Verlag.
  • Del Giudice, Philippe. 2021. « Trajectoire diachronique d’un dialecte composite : le niҫois ». Vox Romanica 80, 239–255.
  • Gasiglia, Rémy. 1984. Grammaire du Nissart. Essai d description d’un dialecte d’oc. Nice : Institut d’études niçoises.
  • Maiden, Martin. 2016. « Number. » In : Ledgeway, Adam/Maiden, Martin (éds.). The Oxford Guide to the Romance Languages. Oxford University Press : 697–707.
  • Pescarini, Diego. 2021. « Intraclade Contact from an I-Language Perspective. The Noun Phrase in the Ligurian/Occitan amphizone ». Languages 6(2), 1–21.
  • Sumien, Domergue. 2009. « Classificacion dei dialèctes occitans. » Lingüistica Occitana 7, 1–56.
  • Wagner, Stefanie. 2011. « Lou Nissart – (K)ein Platz in Europa? » In : Schlaak, Claudia/Stehl, Thomas (éds.). Sprachkontakte, Sprachvariation und Sprachwandel : Festschrift für Thomas Stehl zum 60. Geburtstag. Tübingen : Narr, 395–411.

12h00

Le genre grammatical en languedocien et en provençal médiévaux (Marinus Wiedner, Freiburg im Breisgau)

Cette communication traite le genre grammatical en occitan médiéval, surtout du XIVe siècle. Pour ce faire, je considère deux zones dialectales différentes, notamment le provençal et le languedocien. Historiquement, le provençal a surtout été influencé par les dialectes de l’italien du nord tandis que le languedocien s’est plutôt orienté vers le catalan et le castillan, (cf. Kremnitz 1991, 35 et Lafont 1991, 19). Les deux dialectes ont des langues de contact différentes mais sont au même temps toutes deux influencées par le français.
Je m’intéresse au genre grammatical et son développement du latin vers l’occitan d’aujourd’hui. Le genre est défini comme suit : « Genders are classes of nouns reflected in the behavior of associated words » (Hockett 1962, 231). Généralement, il y avait une réduction de genre dans la diachronie des langues romanes : le latin en connaissait trois (féminin, masculin, neutre) tandis que la plupart des langues romanes standards en connait deux, le neutre ayant disparu (cf. Loporcaro 2018, 12). Mais un aperçu plus détaillé des langues minoritaires et des dialectes régionaux révèle des systèmes de genre plus variés (cf. Loporcaro 2018, 62).
Afin de faire une analyse contrastive entre ces deux zones dialectales, je suis en train de créer un corpus équilibré pour les deux variétés. Pour ce faire, j’utilise Transkribus, un outil de reconnaissance automatique de l’écriture manuscrite à base d’une intelligence artificielle. J’ai développé un modèle de transcription automatique publiquement disponible, le modèle « Old Occitan Handwriting » (Wiedner 2023), que j’ai utilisé pour la création de mon corpus d’occitan médiéval. Ce modèle a été entrainé avec à peu près 190.000 tokens issus de 7 textes différents. Le taux d’erreur des caractères est de 2,6% sur l’ensemble d’apprentissage et de 3,51% sur l’ensemble de validation. Pour la création du corpus, j’ai avant tout utilisé des textes conservés à la Bibliothèque nationale de France (BnF) à Paris ainsi qu’à la British Library (BL) à Londres. Jusqu’à présent, j’ai rédigé 9 textes dont 3 ont été rédigés en Provence (51.696 tokens) et 6 en Languedoc (268.248 tokens), mais il est envisagé d’utiliser en tout 12 textes par région.
Mais même avec ce corpus déséquilibré, il est évident qu’ils existent des différences entre les deux dialectes étudiés, comme le montre l’exemple de man ‘main’ : nous relevons 137 occurrences de man dans mon corpus, dont 40 en provençal et 97 en languedocien. En Provence, il y a 18% d’occurrences au masculin, 73% au féminin et 10% qui restent indéterminable. En Languedoc, il y a 11% au masculin, 86% au féminin et 2% d’occurrences indéterminables. Il est déjà évident qu’ils existent des différences entre les deux régions. Bien que la tendance aille dans le même sens, le masculin semble être plus présent en provençal qu’en languedocien. Il s’agit d’une première étude de la variation de genre dans ces deux zones dialectales. Je vise à étudier cette variation à l’aide de 10 doublons de genre, dans le but de mettre la variation en relation avec des influences éventuelles du catalan ou de l’italien respectivement.

  • Hockett, Charles Francis. ⁴1962. A course in modern linguistics. New York : Macmillan.
  • Kremnitz, Georg. 1991. « Soziolinguistik/Sociolinguistique ». In : Holtus, Günter/Metzeltin, Michael/Schmitt, Christian (eds.). Lexikon der Romanistischen Linguistik (LRL). Band V, 2: Okzitanisch, Katalanisch. L’occitan, Le Catalan. Tübingen: Niemeyer, 18–23.
  • Lafont, Robert. 1991. « Interne Sprachgeschichte II. Lexik/Histoire interne de la langue II. Lexique ». In: Günter Holtus/Michael Metzeltin/Christian Schmitt (eds.). Lexikon der Romanistischen Linguistik. Band V,2 : Okzitanisch, Katalanisch. L’occitan, Le Catalan. Tübingen : Niemeyer, 33–45.
  • Loporcaro, Michele. 2018. Gender from Latin to Romance. history, geography, typology. Oxford : University Press.
  • Wiedner, Marinus. 2023. OldOccitanHandwriting, (Modell-Nr. 52822, CER=3,51 %), PyLaia-model for handwritten Occitan, 13th and 14th century. https://readcoop.eu/de/modelle/old-occitan-handwriting/ (08.01.2024).

12h30

Pause déjeuner

27 septembre 2024

09h00

Plurilinguisme et pratiques langagières au miroir du conte populaire occitan (Louise Esher, CNRS Llacan)

En France, les parlers occitans coexistent depuis longtemps avec le latin, langue du culte et de l’érudition, et le français, langue de prestige économique et social (Brun 1923, Bach 2023). Ce contexte plurilingue fait partie des réalités culturelles éminentes de la population, au point d’être intégré aux contes populaires, dont le propre est d’associer des motifs structurants internationaux (Uther 2004) à l’univers matériel et culturel d’une communauté spécifique. Le plurilinguisme est représenté avec une vérisimilitude révélatrice des pratiques langagières de la communauté, aussi bien structurelles que sociologiques.
La narration et la plupart des dialogues sont contées en occitan, langue vernaculaire de toute la communauté.
Le français apparaît dans les énoncés des personnages occitanophones qui aspirent à l’ascension sociale. Les énoncés en français sont toujours parfaitement grammaticaux, et ne s’accompagnent jamais de glose, ce qui indique une excellente connaissance passive du français dans l’ensemble de la communauté, ainsi qu’une connaissance active chez certains. Les énoncés en français illustrent surtout l’infélicité pragmatique : discursive, lorsque des personnages dont la maîtrise du français se résume à quelques locutions tentent de converser avec des personnages francophones au moyen de ces seules locutions (contes-type ATU 1697, 1699) ; interpersonnelle, lorsque des personnages bilingues occitan/français, de retour dans leur famille occitanophone d’origine, s’expriment en français pour véhiculer une identité urbaine et instruite (ATU 1628, 1628*). Dans ce dernier cas, où l’occitan est attendu comme marqueur d’authenticité et de solidarité, l’emploi du français n’entrave aucunement la communication, mais compromet bien le lien social.
Le latin, toujours accompagné d’une paraphrase afin de garantir la compréhension, caractérise les personnages de curé ou ayant des prétentions intellectuelles (ATU 1562A, 1628, 1628*, 1699). Il est représenté principalement sous la forme de portemanteaux composés d’un radical lexical occitan et d’une désinence latine, parfois sous la forme d’énoncés qui enchaînent des mots occitans et latins authentiques dans une imitation de syntaxe latine. Le latin des contes, toujours reconnu comme factice par les personnages et le public, atteste de la sensibilité des locuteurs à certaines propriétés formelles du latin, celles qu’ils peuvent inférer à partir des textes liturgiques qui constituent leur seule pratique de cette langue. L’effort consenti pour représenter le latin témoigne de normes sociales puissantes concernant les contextes professionnels et religieux où la pratique du latin est valorisée voire exigée.
La transmission culturelle des contes à motif langagier présuppose un public qui dispose de connaissances linguistiques permettant de comprendre l’intrigue et d’apprécier son humour : la substance des contes transmis témoigne ainsi des compétences et des pratiques langagières de la communauté.

  • Bach, Xavier. 2023. Multilingualism and linguistic change in Montpellier (14th-16th c.). Presentation at Occitan Studies Day, Trinity College, University of Oxford, 20 May 2023.
  • Boisgontier, Jacques (ed.). 1994. Felix Arnaudin: Contes populaires de la Grande-Lande. Bègles: Confluences.
  • Bru, Josiane (ed.). 2014. Andrieu Lagarda: Les Secrèts de las Bèstias. Pau: Letras d’Òc.
  • Brun, Auguste. 1923. Recherches historiques sur l’introduction du français dans les provinces du Midi. Paris: Champion.
  • Esher, Louise. 2021. La intensificación en los cuentos populares occitanos. Estudios Románicos 30. https://doi.org/10.6018/ER.471091
  • Eygun, Joan (ed.). 2020. Contes de la val de la Boneta. Edicion bilingüa occitan-francés. Pau: Letras d’Òc.
  • Loddo, Daniel (ed.). 2014. Contes e racontes d’Albigés. Cordes: CORDAE/La Talvera.
  • Uther, Hans-Jörg. 2004. The types of international folktales: A classification and bibliography. based on the system of Antti Aarne and Stith Thompson. Helsinki: Suomalainen Tiedeakatemia.
  • Weber, Eugen. 1976. Peasants into Frenchmen: The modernization of rural France, 1870-1914. Stanford: Stanford University Press.

09h30

OcOr, un corpus annoté de contes et récits en occitan : méthodes, défis et solutions (Marianne Vergez-Couret, Poitiers)

Dans cette présentation, nous souhaitons présenter notre méthodologie pour l’annotation d’un corpus de narration orale en occitan, menée dans le cadre du projet EXPRESSIONARRATION (Horizon 2020, Marie Sklodovska Curie Fellowship). Il s’agit d’un corpus unique, écrit et oral, nommé OcOr, dans une langue minorisée, ce qui soulève un certain nombre de défis particuliers. L’objectif du projet était d’explorer la relation entre langage et oralité avec un focus spécifique sur les traits temporels de la narration orale en occitan et en français (connecteurs, temps verbaux, adverbiaux temporels…).
Le corpus OcOr contient trois sous-corpus occitans qui reflètent différents « degrés d’oralité » (Carruthers/Vergez-Couret 2018 ; le corpus est téléchargeable sur Zenodo : https://zenodo.org/records/1451753).

1) Les contes et récits d’OWT (occitan_written_traditional) proviennent d’œuvres écrites qui sont des collections de contes et récits collectées oralement puis publiées dans un but de sauvegarde du patrimoine de la littérature orale ;
2) Les contes et récits d’OOT (occitan_oral_traditional) proviennent de collectes enregistrées qui ont été entreprises dans un but de sauvegarde du patrimoine de la littérature orale et de la langue occitane ;
3) Les contes et récits d’OOC (occitan_oral_contemporary) sont des performances orales de « nouveaux conteurs » occitans.

Il a été constitué et annoté avec pour objectif de soutenir des analyses qualitatives et quantitatives sur la relation entre langage et oralité, à travers une analyse sémantique et discursive des traits temporels ayant des fonctions particulières dans le cas des narrations orales, tels que les temps verbaux, les connecteurs temporels entre propositions narratives et les adverbiaux de localisation temporelle en initiale de phrase jouant le rôle structurant de cadres de discours (Carruthers/Vergez-Couret 2021 ; Carruthers/Vergez-Couret 2023).
Après avoir constitué un corpus brut de contes et récits en français et en occitan (Carruthers/Vergez-Couret 2018), nous avons procédé à une annotation de ce corpus. Autrement dit le corpus a été enrichi avec des informations supplémentaires dans le but de permettre une analyse qualitative et quantitative des traits temporels décrits dans la section précédente. L’objectif de cette annotation est de discrétiser un phénomène et de faire émerger des catégories pertinentes pour l’analyse des connecteurs, des cadres de discours et des temps verbaux sur la trame narrative en vue de leur analyse, de la localisation des éléments dans la structure plus globale des contes et récits, de l’ajout d’information qui puissent être lisibles par l’homme (pour les analyses qualitatives) et par la machine (pour les analyses quantitatives), et enfin l’établissement de généralités sur l’emploi des traits temporels dans les quatre sous-corpus.
La constitution d’un corpus pour une langue minorisée comme l’occitan pose un certain nombre de défis méthodologiques particuliers adressés dans Carruthers/Vergez-Couret (2018) tels que la rareté des données textuelles numériques, la variation dialectale et graphique, la transcription (de l’oral vers une forme écrite) et la transgraphie (passage d’un code graphique à un autre), la variation diachronique, la variété des types de contes et récits. Ces particularités représentent également des défis pour la tâche d’annotation, nous présenterons les défis relevés et les solutions méthodologiques apportées.

  • Carruthers, Janice/Vergez-Couret, Marianne. 2018. Méthodologie pour la constitution d’un corpus comparatif de narration orale en occitan : objectifs, défis, solutions, Corpus [en ligne] 18.
  • Carruthers, Janice/Vergez-Couret, Marianne. 2021. Temporal Structures in Occitan and French Oral Narrative : The Role of Frames and Connectives, Lingvisticae Investigationes.
  • Carruthers, Janice/Vergez-Couret, Marianne. 2023. « Temporal Patterning and ‘Degrees of Orality’ in Occitan and French Oral Narrative ». Oral Tradition 36/1, 91-122.

10h00

Trajectoires linguistiques corses en contexte plurilingue : enjeux de description et de revitalisation (Francescu Maria Luneschi, Corte)

Cette communication vise à explorer les dynamiques géolinguistiques et sociolinguistiques dans un contexte de plurilinguisme (cf. Dalbera-Stefanaggi 1991). Elle se penche d’une part sur les phénomènes de contact au sein du diasystème corse (cf. Marcellesi 1984) et d’autre part elle examine un ensemble d’attitudes linguistiques vis-à-vis d’une norme qui admet le principe de la variation dialectale. Cette perspective permet d’interroger, dans le sillon des résultats du Nouvel Atlas Linguistique et Ethnographique de la Corse, la circulation de la langue corse et sa représentation géolinguistique (cf. Medori 1999). Parallèlement, le développement de l’enseignement du corse, des initiatives linguistiques hors du cadre scientifique, et l’insertion de la langue dans des domaines comme la littérature et les médias, indiquent des tendances vers la convergence. En adoptant une approche variationniste, les interférences entre les variétés dialectales corses révèlent aujourd’hui de nouvelles orientations, oscillant entre alignement et complexification du système linguistique.
Notre étude, tant synchronique que diachronique, cherche à décrire les processus de continuité et de rupture dans la langue corse, contribuant ainsi à l’effort de revitalisation linguistique. L’analyse des caractéristiques phonétiques, phonologiques, morphologiques voire syntaxiques du corse révèle de façon plus générale la singularité de son répertoire linguistique.
Nous ambitionnons de souligner les défis et opportunités pour les sciences du langage dans le soutien à la revitalisation et au développement du corse. Il s’agit d’initier une réactualisation des questions liées à la norme et aux marges, au centre et aux périphéries, à la conservation et à l’innovation linguistiques.

  • Dalbera-Stefanaggi, Marie-José. 1991. Unité et diversité des parlers corses. Alessandria : Edizioni dell’Orso.
  • Medori, Stella. 1999. Les parlers du Cap Corse: une approche microdialectologique. Thèse de Doctorat. Corti : Université.
  • Marcellesi, Jean-Baptiste. 1984. « La définition des langues en domaine roman ; les enseignements à tirer de la situation corse ». In : Actes du Congrès de Linguistique et de Philologie Romanes. Vol. 5 : Sociolinguistique, Aix-en-Provence : Université, 307-314.

10h30

Pause café

11h00

Ce qui reste des clitiques objet après la traversée : histoires de contact entre Corse et Italie (Lorenza Brasile, Corte/Genova)

En corse les pronoms clitiques complément se placent dans l’ordre direct-indirect quand ils sont combinés (a ti dicu ‘je te le dis’). L’ordre inversé, qu’on a normalement dans les langues et dialectes romanes, ne se trouve sur l’île que dans certains contextes syntaxiques, tels que ceux d’enclise (dimmila ! ‘dis-le-moi !’, t’aghju dettu di dimmila ‘Je t’ai dit de me le dire’ ; v. par exemple Durand 2003, 208) et parfois ceux des phrases négatives (ùn ti l’aghju micca detta ‘je ne te l’ai pas dit’ ; comme l’on remarque des données de Manzini/Savoia 2005).
A montrer, en revanche, une situation similaire au reste de l’Europe latine il y a les dialectes urbains de Bastia et Ajaccio, ceux des villages cap-corsins, et le ligurien de Bonifacio. Pour ces localités, l’ordre indirect‑direct est l’option la plus fréquente, voire la seule possible (ti la dicu, mi lu dà, etcetera).
Ce n’est pas un hasard s’il s’agit des endroits corses les plus exposés au contact avec l’extérieur de l’île… au point d’avoir importé une deuxième forme de clitique objet indirect de 3ème personne à côté de celle typiquement corse li : il s’agit de ni pour Bastia et le Cap Corse, et ghi pour Ajaccio, formes d’origine toscane occidentale et ligurienne respectivement.
La communication portera sur les aspects du contact entre corse d’une part et ligurien/toscan de l’autre, sur la morpho-syntaxe des clitiques objet. On discutera de l’introduction des formes exogènes dans les systèmes corses et des aspects théoriques auxquelles cela nous renvoie.
En fait, bien qu’équivalentes au li autochtone, ces autres formes ne se comportent pas de la même manière au niveau syntaxique. Ni et ghi ne se trouvent jamais après l’objet direct, au contraire de li, qui peut bien bouger : dans les parlers cap-corsins on peut entendre a li dice, li la dice et ni la dice, mais pas *a ni dice. Le parler ajaccien semble avoir une restriction ultérieure : on entend ghi la dici et a li dici, mais pas *a ghi dici et *li la dici. Le bonifacien, en tant que variété ligurienne, ne connait que ghi ru dice.
On entrevoit une sorte de gradatum des effets du contact, peut-être lié à ses dynamiques socio‑historiques différentes selon les localités (v. Toso 2005 pour Ajaccio, Bonifacio et d’autres commune ayant le ghi ligurien). Les deux formes pronominales exogènes ghi et ni demeurent figées à leur schéma d’ordre originaire (ghi/ni + objet direct), sans toutefois être des formes opaques (elles peuvent apparaitre seules : ghi dici / ni dice).

  • Durand, Olivier. 2003. La lingua còrsa: una lotta per la lingua. Brescia : Paideia.
  • Manzini, Maria Rita/Savoia, Leonardo Maria. 2005. I dialetti italiani e romanci: morfosintassi generativa. Alessandria : Edizioni dell’Orso.
  • Toso, Fiorenzo. 2002. « L’avverbio e pronome ghi in dialetti corsi e peri-corsi ». Linguistica 45/1, 259-276.

11h30

Le Conjugaverbes, analyse et promotion de la conjugaison francoprovençale (Andrea Rolando, Saint-Nicolas)

Lors de la promotion d’une variété de francoprovençal on donne souvent beaucoup d’espace au vocabulaire. À cette occasion les verbes se présentent presque exclusivement à l’infinitif. Dans certains cas, la conjugaison est décrite de manière superficielle en montrant les modèles des verbes les plus communs à l’exemple des grammaires des langues-toits de référence. Une approche trop traditionnelle, à imitation des grammaires du français et de l’italien, tel que l’habitude de se baser uniquement sur la désinence des infinitifs pour déterminer l’appartenance d’un verbe à un groupe de conjugaison ou à un autre peut conduire à des erreurs d’interprétation.
Le Conjugaverbes veut être une base de données “active”, permettant l’enregistrement rapide d’un nouveau verbe à conjuguer ; capable de conserver les formes verbales pour la consultation des paradigmes ; qui permet à l’utilisateur de savoir, selon la variante, à quel groupe appartient un verbe.
Ce logiciel, en plus d’être un outil didactique, permet d’analyser la morphologie des verbes en nous montrant la réalité de variétés appartenant à la même langue, mais qui ont des grammaires différentes.
Le francoprovençal se distingue des autres langues romanes par la création d’une nouvelle conjugaison ; en quelle mesure l’analogie et les langues nationales influencent ce système ?
Le Conjugaverbes permet de déterminer la structure de la conjugaison de chaque variante francoprovençale et d’apporter des informations sur l’évolution interne de la langue qui peuvent intéresser d’une part l’étude du point de vue de la sociolinguistique et de la linguistique historique et d’une autre part la promotion des variétés ou de formes koinéisantes du francoprovençal.

  • Centre de dialectologie et du français régional (ed.). Atlas linguistique audiovisuel des dialectes francoprovençaux du Valais romand. Neuchâtel : Université.
  • Ascoli, Graziadio Isaia. 1878. « Schizzi franco-provenzali ». Archivio Glottologico Italiano III, 61-120.
  • Cerlogne, Jean-Baptiste. 1907. Dictionnaire du patois valdôtain, précédé de la Petite grammaire du dialecte valdôtain. Aoste : Imprimerie catholique.
  • Enquêtes menées pour le projet Conjugaverbes pour les variétés francoprovençales de Ala, Antey-St-André, Arvier, Avise, Champorcher, Donnas (Vert), Gaby, Gressan, Introd, Issogne (Fleuran), Mezzenile, Monastero di Lanzo, Morgex, Sarre, St-Nicolas, Valpelline, Valsavarenche, Valtournenche, Verrayes.
  • Glarey, Miranda. 2011. Dictionnaire du patois de Champorcher. Saint-Christophe : Tipografia Duc.
  • Maiden, Martin. 2001. « Di nuovo sulle alternanze velari nel verbo italiano e spagnolo ». Cuadernos de Filologia Italiana 8, 39-61.
  • Maiden, Martin. 2003a. « Verb augments and meaninglessness in early romance morphology ». Studi di Grammatica Italiana 22, 1-61.
  • Maiden, Martin. 2003b. « Il verbo italoromanzo : verso una storia autenticamente morfologica ». In : Mathée Giacomo-Marcellesi/Alvaro Rocchetti (eds.). Il verbo italiano. Studi diacronici, sincronici, contrastivi, didattici (Atti del XXXV Congresso internazionale di studi della S.L.I.), Rome : Bulzoni, 3-21.
  • Maiden, Martin. 2016a. « Inflectional morphology ». In : Adam Ledgeway/Martin Maiden (eds.). Oxford Guide to the Romance Languages. Oxford : University Press, 497-512.
  • Maiden, Martin. 2016b. « Morphome ». In : Adam Ledgeway/Martin Maiden (eds.). Oxford Guide to the Romance Languages. Oxford : University Press, 708-721.
  • Martin, Jean-Baptiste. 2021. La langue francoprovençale, découverte et initiation. Villefranche-sur-Saône : Poutan.
  • Martin, Jean-Baptiste. 2023. « La conjugaison verbale francoprovençale ». Par-delà la dialectologie : de l’étude de la variation à la gestion de la complexité, Conférence annuelle du Centre d’études francoprovençales René Willien, 14 octobre 2023.
  • Mas, Paolo Benedetto. 2012. La doppia serie morfologica nel francoprovenzale le bassi Valli di Lanzo. Turin : Université (tesi di laurea).
  • Mas, Paolo Benedetto. 2017. La varietà di Monastero di Lanzo : una parlata di confine, Turin : Université (tesi di dottorato).
  • Chenal, Aimé/Vautherin, Raymond. 1997. Nouveau dictionnaire de patois valdôtain. Quart : Musumeci.
  • Bertolo, Liliana/Deval, Ferruccio/Morandi, Iris/Philippot, Lidia. 1999. Patois à Petits Pas, Méthode pour l’enseignement du francoprovençal. Aoste : Imprimerie Valdôtaine.
  • Rolando, Andrea. 2013. « Palatalisation de A tonique libre précédé de non palatale en francoprovençal ? Les infinitifs des verbes appartenant au premier groupe dans la vallée de Valtournenche, un cas particulier ». Nouvelles du Centre d’études francoprovençales René Willien 67, 48-55.
  • Rolando, Andrea. 2015. « Le projet CONJUGAVERBES, la conjugaison francoprovençale pour tous : la recherche au service de l’enseignement ». Transmission et valorisation des langues régionales dans l’espace gallo-roman, vendredi 6 mars 2015, Journée d’études dans le cadre de l’ARC 5 “Conscience linguistique dans l’Arc Alpin”, Université Stendhal, Grenoble.
  • Rolando, Andrea. 2016. « La conjugaison verbale francoprovençale valdôtaine, Réflexion à propos des verbes en patois, Une aide aux maîtres de patois valdôtains ». Nouvelles du Centre d’études francoprovençales René Willien 74, 48-55.
  • Rolando, Andrea. 2023. « Lo Conjugaverbes, Na soulusioun tennologica a la counfusioun verbal francoprouvensal ». L’Anel qu’ou manquët, Da l’eurcherca a la treuzmisioun lingouistica : proublema é soulusioun, Cantoira (To) – 11 novembre 2023, VIII giornata del francoprovenzale.
  • Telmon, Tullio. 1978. « Une analyse grammaticale : les verbes réguliers dans la Vallée d’Aoste ». In : AA.VV. L’Atlas des patois valdôtains, État des travaux. Quart : Musumeci.
  • Tuaillon, Gaston. 2007. Le francoprovençal. définitions et délimitation, phénomènes remarquables. Quart : Musumeci.

12h00

La structuration de la Gallo-Romania et le rôle de l’analogie dans la morphologie verbale (Marc-Olivier Hinzelin, Hambourg)

Dans la morphologie verbale, les verbes irréguliers sont marqués par une allomorphie du radical – voire un supplétisme. Dans les variétés gallo-romanes, la distribution des radicaux suit le plus souvent des patrons morphomiques (Maiden 2018) et le syncrétisme (Hinzelin 2022). La forme des radicaux peut présenter des effets analogiques intraparadigmatiques (nivellement analogique ou syncrétisme) et interparadigmatiques (homonymie) – ou même un effet intervariétal par emprunt dialectal dans une situation de contact.
Un exemple fameux est le verbe aller dont les radicaux supplétifs proviennent de verbes différents latins : al- < ambulare ou an- < *ambitare, v(…)- < vadere et ir- < ire. Le radical du futur dans la Gallo-Romania est soit ir- comme en français standard, soit des formes dérivées de al- (Vallée d’Aoste et Suisse romande) – allèr- ou ódr- (*audr- < *aldr- < *alr-) –, soit des radicaux mixtes vir- ou nir-. Encore une autre solution a recours à un radical emprunté du piémontais ou de l’italien standard qui se manifeste à Donnas (Vert) en Vallée d’Aoste sous la forme de andr-. Un radical emprunté peut aussi exister à l’impératif à Crozant (Creuse) dans le Croissant (Deparis 2023) où le radical al- est employé dans le paradigme de an- en déplaçant le syncrétisme habituel. En général, les deux radicaux sont bien séparés dans la Gallo-Romania en occupant des aires différentes – le radical al- étant réservé clairement aux langues d’oïl et au francoprovençal. Par ailleurs, tous les deux radicaux se situent normalement dans les mêmes cases paradigmatiques en dehors du patron N (« N-pattern complement », cf. Maiden 2018), avec, souvent, l’exception du futur et du conditionnel.
L’évolution et la distribution de ces formes ainsi que le rôle joué par le contact des langues seront discutés par rapport à la structuration morphomique supposée des paradigmes verbaux. La structuration de la Gallo-Romania se révèle de façon ostensible à partir de l’emploi de certains radicaux mais de véritables failles linguistiques peuvent se manifester dans les zones de contact comme le Croissant (contact oc/oïl) ou dans le nord-ouest de l’Italie (contact entre le francoprovençal et l’occitan avec » le piémontais et le ligurien).

  • Deparis, Amélie. 2023. Le Croissant linguistique, contact entre langue d’oc et langue d’oïl dans l’aire gallo-romane : étude des traits linguistiques significatifs et de leurs représentations en cartographie. Thèse de doctorat. Paris : Inalco – Institut national des langues et civilisations orientales.
  • Hinzelin, Marc-Olivier. 2022. « Allomorphy and syncretism in the Romance languages ». In : Mark Aronoff (ed.). Oxford Research Encyclopedia of Linguistics. Oxford : Oxford University Press. https://oxfordre.com/linguistics/view/10.1093/acrefore/9780199384655.001.0001/acrefore-9780199384655-e-736.
  • Maiden, Martin. 2018. The Romance Verb. Morphomic Structure and Diachrony. Oxford : Oxford University Press.

12h30

Pause déjeuner

14h00

Procès de normalisation linguistiques : Le monégasque et autres variétés de transition entre l’occitan et le gallo-italique (Roger Schöntag, Mannheim)

Le monégasque (mon. munegascu) est une variété de diaspora sur la côte d’Azur, née par l’expansion de la république de Gênes dans le 13ème siècle, c’est-à-dire un dialecte gallo-italique avec des interférences par l’occitan ou plus précisément par le provençal adjacent et ses sous-dialectes. Comme variétés voisines on peut identifier le mentonasque, (occ. mentounasc) de Menton, un peu plus loin dans le nord l’alpin-ligurien de la vallée de la Roya, le royasque (et aussi le tendasque, le brigasque etc.), et à l’ouest sur la côte, le nissart, le dialecte occitan de Nice. Les variétés diatopiques y forment un continuum dans la zone linguistique des langues romanes, mais cette homogénéité est interrompue par le monégasque comme variété migratoire. Dans les vallées alpines, qui sont assez reculées, on peut constater une influence assez forte des facteurs géographiques sur la genèse et le changement de l’espace linguistique.
Le but de l’analyse présente est d’une part de documenter les efforts concernant le maintien, la normalisation et la standardisation du monégasque comme severely endangered minority language sous l’influence de la langue dominante du français, et d’autre part, de trier les caractéristiques linguistiques de la continuité et de la discontinuité entre l’occitan (alpin) et le ligurien (alpin) qui marquent cette zone de transition diatopique.

  • Dalbera, Jean-Philippe. 2003. « Les îlots liguriens de France ». In : Bernard Cerquiglini (ed.). Les langues de France. Paris : Presses Universitaires de France, 125-136.
  • Dalbera, Jean-Philippe. 2013. « Le ligurien ». In : Georg Kremnitz (ed.). Histoire sociale des langues de France. Rennes : Presses Universitaires de Rennes, 503-509.
  • Forner, Werner. 2016. « Das mentonaskische Verbalsystem : eine vergleichende Analyse mit einem Postscriptum zu Verschriftung und Normierung ». In : Wolfgang Dahmen/ Günter Holtus/ Johannes Kramer/ Michael Metzeltin/ Wolfgang Schweickard/ Otto Winkelmann (eds.). Romanische Kleinsprachen heute. Romanistisches Kolloquium XXVII. Tübingen : Narr (= Tübinger Beiträge zur Linguistik, 546), 149-196.
  • Frolla, Louis. 2009 [1960]. Grammaire monégasque. Réalisée sur les instructions du Gouvernement princier. Réédité par le Comité Nationale des Traditions Monégasques. Monaco : Imprimerie Nationale de Monaco.
  • Passet, Claude (ed.). 2018. Actes du 15e colloque des langues dialectales. Monaco. Du parler d’hier au parler d’aujourd’hui & hommages à René Novella. Monaco : Académie des Langues Dialectales.
  • Schöntag, Roger. sous presse. « Romanische Kleinstsprachen und ihre Überlebensstrategien im digitalen Zeitalter : Mirandesisch, Aranesisch, Monegassisch und Istro-Rumänisch ». In : Robert Hesselbach (ed.). Rekonstruktion und Erneuerung romanischer regional- oder Minderheitensprachen im Zeitalter der Digital Humanities. München : Universität München (= KiT-Korpus im Text 10).
  • Sumien, Domergue. 2006. La standardisation pluricentrique de l’occitan. Nouvel enjeu sociolinguistique, développement du lexique et de la morphologie. Turnhout : Brepols (= Publications de l’Association Internationale d’Étude Occitanes 3).

14h30

Le rhotacisme ligure : trajectoires d’un phénomène en expansion (Dalila Dipino, Zurich)

Un phénomène phonétique considéré comme emblématique de la Ligurie dépasse largement les frontières de la région, investissant les territoires environnants. Le rhotacisme du l intervocalique (par exemple mola > Lig. occ. [ˡmœːɹa] ‘meule’) caractérise également l’est de la Provence et de nombreuses variétés italo-romanes septentrionales, dans le sud et l’est du Piémont, ainsi que l’ouest de la Lombardie, y compris Milan, et le canton du Tessin en Suisse (pour l’évolution des liquides du latin aux variétés italo-romanes, v. Debanne/Delucchi 2013 et les travaux qui y sont cités).
Remontée aux langues du substrat, « l’acutissima tra le spie liguri » pour Merlo (1938, 30), ses prémisses ont été remises en question à plusieurs reprises (cf. Bertoletti 2011 ; Filipponio 2008) et cette hypothèse apparaît aujourd’hui surtout comme une suggestion (Toso 1995, 17).
Dans la présente contribution, on tentera de reconstruire les trajectoires possibles d’un phénomène qui, au contraire, semble être pleinement médiéval et avoir eu la Ligurie comme épicentre, en se répandant ensuite en dehors de la région.
Sur la base de la distribution diatopique, on montrera comment le rhotacisme du l intervocalique, ainsi que la variation de la latérale préconsonantique (avec les deux résultats opposés et alternatifs du rotacisme ou de la vélarisation, selon le type de la consonne suivante, par ex. vulpe > gén. [ˈvurpe] ‘renard’ vs. altu > gén. [ˈau̯tu] ‘haut’) apparaît comme un phénomène en expansion au Moyen-Âge, dont la réception, qui a probablement pris des chemins différents, n’a pas toujours été fidèle à l’original. Petracco Sicardi (1971, 22), en effet, avait déjà émis l’hypothèse que le rhotacisme du l intervocalique avait pu se répandre le long des principales voies de communication dans deux directions : de la Ligurie le long de la côte et vers la vallée de la Durance via le Piémont.
Dans cette perspective, la variété des phénomènes liés au rhotacisme, nombreux dans cette zone, semble se lire comme une conséquence de l’adoption d’un trait non autochtone, dont les règles d’application ne sont pas maîtrisées, ce qui se traduit par des surextensions, des formes réactionnelles, des hypercorrections, jusqu’à la variation libre.
Dans ce cadre, la composante diastratique a dû également jouer un rôle non secondaire. Les comédies génoises les plus tardives en sont un indice, dans lesquelles certains phénomènes de rhotacisme et de lambdacisme ne sont attribués qu’à certains personnages, expressions de classes sociales subalternes ou de la campagne, ou en tout cas pas de la ville de Gênes (v. Ziano 2019).
La situation plus chaotique à l’extrémité de la Ligurie (cf. Azaretti 1983 ; Dalbera 1994 ; Van den Bergh 1983 ; Dipino 2023), du bas Piémont (cf. Romano, à paraître) et dans les vallées occitanes (Talmon 1914-1922) est probablement à attribuer aussi au caractère insaisissable du r dans ces variétés, qui est confondu avec le l, souvent vocalisé et parfois disparaît.
En conclusion, l’analyse de ce phénomène montre une fois de plus comment on peut parler de la Ligurie et de la Provence comme de deux « aree conservative ma aperte » (Petracco Sicardi 1968, 36), perméables aux poussées novatrices venant de l’extérieur et en échange réciproque continu, comme le démontrent les contaminations présentes dans les variétés contemporaines, qui font de la zone à cheval sur l’arc alpin sud-occidental une véritable amphizone (Petracco Sicardi 1989).

  • Azaretti, Emilio. 1983. « Inserzione di suoni non etimologici nei dialetti dell’Alta Val Nervia ». In : Lorenzo Còveri/Diego Moreno (eds.). Studi di etnografia e dialettologia ligure in memoria di Hugo Plomteux. Genova : Sagep, 37–44.
  • Bertoletti, Nello. 2011. « Clemente Merlo ei dialetti lombardi (con una postilla sul rotacismo nel milanese antico) ». L’Italia dialettale, 72, 47–70.
  • Dalbera, Jean-Philippe. 1994. Les parlers des Alpes-Maritimes. Etude comparative. Essai de reconstruction. London : AIEO (These d’Etat 1984, Toulouse).
  • Debanne, Alessandra/Delucchi, Rachele. 2013. « Sulle sorti di -L-, -R-, RR latine. La prospettiva italo-romanza settentrionale ». In E. Casanova Herrero/C. Calva Rigual (eds.). Actas del XXVI Congreso Internacional de Lingüística y de Filología Románicas, (Valencia, 6-11 settembre 2010). Berlin : de Gruyter, 579–592.
  • Dipino, Dalila. 2023. « Sugli esiti di r (primario e secondario) e rr nei dialetti liguri dell’entroterra tra la Francia e l’Italia ». In : Vincenzo Faraoni/Lorenzo Filipponio/Tania Paciaroni/Stephan Schmid (eds.). Prospettive di ricerca in linguistica italiana e romanza. Studi offerti a Michele Loporcaro dagli allievi e dai collaboratori zurighesi. Pisa : Edizioni ETS, 307–334.
  • Filipponio, Lorenzo. 2008. « I Liguri a Treppio: breve storia di un fraintendimento ». Nuetèr 67, 128–132.
  • Merlo, Clemente. 1938. « Contributi. I. Degli esiti di r e di n intervocalici nel dialetto di Pigna ». L’Italia Dialettale 14, 23–58.
  • Petracco Sicardi, Giulia. 1971. « Il problema dei rapporti linguistici tra la Liguria e la Provenza ». In : Atti del II Congresso Storico Liguria-Provenza (Grasse 1968). Bordighera, 19–36.
  • Petracco Sicardi, Giulia. 1989. « Contributo alla definizione dell’anfizona Liguria-Provenza ». In G. Petracco Sicardi/E. Azaretti (eds.). Studi linguistici sull’anfizona Liguria-Provenza, Alessandria : Edizioni dell’Orso, 13–62.
  • Talmon, Alberto. 1914-1922. « Saggio sul dialetto di Pragelato ». Archivio Glottologico Italiano 18, 1–104.
  • Toso, Fiorenzo (21995). Storia linguistica della Liguria. Vol. I. Dalle origini al 1528. Recco : Le Mani.
  • Van den Bergh, Herman. 1983. « Aspetti fonetici rilevanti delle sottovarietà dialettali liguri: -N- e -R- intervocalici ». In Lorenzo Còveri/Diego Moreno (eds.). Studi di etnografia e dialettologia ligure in memoria di Hugo Plomteux (pp. 63–74). Genova : Sagep.
  • Ziano, Carlo. 2021. « Stefano De Franchi e il dialetto genovese rusticale ». Zeitschrift für romanische Philologie 137(3), 888–912.

15h00

Conclusion du panel

Résumé du panel

Dans la périphérie de la Galloromania, il y a de nombreux éléments convergents créés par la coexistence, la juxtaposition et le chevauchement de différentes variétés linguistiques. Le francoprovençal, l’occitan et le corse s’entrecroisent avec les langues nationales standardisées respectives sur cette ligne imaginaire, qui s’étend des Alpes à la Méditerranée et qui coïncide en partie avec la frontière juridique. Or, la classification des traditionnelles zones linguistiques et les isoglosses de base peuvent être mises en doute à cause des superpositions (cf. Forner 2005). Aujourd’hui, ces régions sont classées comme Eurorégions et elles sont impliquées dans des projets transnationaux INTERREG, qui ne constituent pas de nouveaux regroupements, mais correspondent en grande partie aux espaces culturels traditionnels qui existaient bien avant la fondation des États-nations. La situation insulaire, littorale ou alpine a favorisé le fait que les souverains des siècles passés considéraient la situation géographique comme stratégiquement avantageuse et exerçaient pour cela une influence sur cette zone. Quasiment sans en être concernées, les populations autochtones continuaient d’entretenir les contacts habituels issus de leur mode de vie agropastoral : d’une part entre les zones limitrophes en raison de la transhumance, d’autre part avec les communautés linguistiques voisines par suite de migrations saisonnières (cf. Luneschi 2019, Mitschke 2018/9). C’est ainsi que les paysages dialectaux (cf. Dalbera-Stefanaggi 1991, Blanchet 1992, Tuaillon 2007) se sont formés dans la périphérie des États nouveau-nés, où les variétés locales depuis lors sont surtout soumises à des processus de convergence en faveur des langues officielles en raison de l’organisation nationale de l’infrastructure, de l’école et du service militaire, mais également influencées par les variétés voisines.

Plusieurs configurations d’espaces linguistiques découlent des différents statuts des langues régionales sur le territoire du français et de l’italien. Parfois les variétés sont politiquement reconnues mais non pas employées dans la vie quotidienne, parfois le statut officiel est profondément désiré mais non pas accordé. La tripartition de l’espace alpin nord-occidental ainsi que la faible conscience linguistique des locuteurs entravent notamment la protection du francoprovençal. Par contre, il devrait y avoir moins d’obstacles administratifs en Corse grâce à la cuuffizialità. Cependant, dans la France centralisée, il y a peu de place pour les langues minoritaires même de nos jours, de sorte que le corse, en tant que dialecte italo-roman, se trouve dans une relation tendue du point de vue sociolinguistique et glottopolitique d’une part avec l’italien comme ancienne langue-toit et d’autre part avec le français comme langue-toit actuelle. Le faible degré d’institutionnalisation et, en outre, la répartition du domaine sur plusieurs départements nuisent également au maintien de l’occitan. En revanche, sur le territoire italien, les variétés autres que l’italien standard sont relativement bien acceptées en termes de politique linguistique ce qui se traduit entre autres par l’existence des régions à statut spécial. Les groupes des locuteurs alloglottes, comme le francoprovençal et l’occitan, bénéficient certes d’une protection juridique en vertu de la Legge n. 482/99, mais la marge de manœuvre des institutions est restreinte à des prestations de service dans l’administration publique et ne sert guère à l’élaboration structurelle ou à la promotion du prestige des langues.

Le travail de notre section se concentre sur le francoprovençal, l’occitan et le corse tandis que les variétés gallo- et italo-romanes limitrophes servent de points de référence complémentaires. Les langues représentent un facteur identitaire important pour les populations locales, même si elles sont moins ou plus du tout utilisées (cf. Kailuweit 2014a, Jauch 2016). Par conséquent, les locuteurs actuels des langues régionales ont en commun d’être multilingues et maîtrisent le français et/ou l’italien outre la langue minoritaire. Leur nombre total diminue toutefois en raison de la transmission intergénérationnelle à tendance décroissante et à cause de l’émigration dans d’autres zones linguistiques. Malgré les nombreuses caractéristiques communes, au moins deux constellations de variétés différentes se sont formées le long de cette ligne imaginaire. Le francoprovençal et l’occitan ont deux langues-toits en fonction du territoire administratif, alors que la relation du corse avec ses langues-toits, le français et l’italien, n’est que diachronique. En tant que dialecte italo-roman, le corse est sans doute une langue par élaboration (cf. Goebl 2015), alors que le francoprovençal et l’occitan sont des langues par distance dont l’élaboration souffre entre autres du manque d’une koinè et d’une graphie largement acceptées (cf. Martin 2002, Winkelmann/Fröhlich 2018). Le morcellement dialectal des langues minoritaires va à l’encontre d’une conception unique et cohérente des zones linguistiques et l’intercompréhension apparaît comme un énorme défi (cf. Bichurina 2016). En Corse, la variation linguistique est perçue de manière positive grâce au principe de polynomie (cf. Marcellesi 1986) et son unité est vigoureusement encouragée par la politique linguistique. En général, la politique de l’État-nation et l’internationalisation économique entraînent donc plutôt des tendances à l’uniformisation linguistique, alors que le retour à la culture et à la langue locales renforce l’identité et offre un soutien dans le contexte de la mondialisation aux populations autochtones.

Notre section veut accorder l’attention aux langues régionales et à leurs locuteurs issus des différents contextes glottopolitiques de manière syn- et diachronique dans différents domaines d’étude. Le but est de saisir et de comparer le degré de convergence vers l’extérieur ou la tendance de concentration vers l’intérieur tant au niveau des structures linguistiques que des comportements communicatifs au sein de la société. L’analyse des phénomènes de contact structurel (au niveau phonologique, morphologique et syntaxique) doit tenir compte de la complexité du répertoire linguistique et distinguer au moins entre un contact basilectal et/ou un contact acro-basilectal. En ce qui concerne l’approche intralinguistique, il se pose par exemple la question de savoir de quels croisements historiques et géographiques il faut tenir compte dans l’évolution interne de la langue, dans quelle mesure la koinéisation est avancée ou quelles mesures sont prises pour la planification du statut et du corpus. En tenant compte des influences extérieures, il est intéressant de connaître quels types de multilinguisme et d’attitudes linguistiques existent, comment les variétés en question se répartissent de manière dia- et synchronique entre les domaines d’usage, quelles sont les interdépendances entre les langues nationales et minoritaires et quels gradata (cf. Stehl 2012, Jablonka 1997) en résultent. En outre, il s’agit d’approfondir les structures de pouvoir glottopolitique et la manière dont la migration se répercute sur la communauté linguistique autochtone ou sa diaspora. Le savoir sur ces langues régionales à la croisée de la spécificité locale et de la mondialisation peut être amélioré et élargi sur la base des données de recherche empiriques et des réflexions théoriques. La diversité des constellations et des confluences offre un scénario idéal pour des modélisations.

Nous demandons des propositions de contribution en allemand ou en français, les résumés n’excédant pas 500 mots (bibliographie exclue). Veuillez envoyer votre proposition jusqu’au 31 janvier 2024 (date limite) aux adresses suivantes : lorenzo.Filipponio@unige.it, anja.mitschke@hu-berlin.de
Les notifications d’acceptation seront envoyées avant le 28 février 2024.

Regionale Varietäten am südöstlichen Rand der Galloromania:
Mehrsprachigkeit, Sprachkontaktphänomene und Glottopolitik

Am Rande der Galloromania gibt es vielerlei zusammenfließende Elemente, die das Mit-, Neben-, und Übereinander unterschiedlicher sprachlicher Varietäten ausmachen. An dieser imaginären Linie, die teilweise mit der Grenze juristischer Geltungsbereiche übereinstimmt, kreuzen sich von den Alpen bis ins Mittelmeer hinein Frankoprovenzalisch, Okzitanisch und Korsisch mit den jeweils standardisierten Nationalsprachen, wobei auch grundlegende klassifikatorische Isoglossen aufgrund dieser Überlagerungen in Zweifel gezogen werden können (cf. Forner 2005). Die betroffenen Gebiete sind heute als Euroregionen klassifiziert und in transnationale INTERREG-Projekte involviert, die jedoch keinesfalls neue Gruppierungen darstellen, sondern weitgehend der Gliederung traditioneller Kulturräume entsprechen, die längst vor der Gründung der Nationalstaaten Bestand hatten. Die Insel-, Küsten- bzw. Alpenlage begünstigte, dass Herrscher früherer Jahrhunderte die geographische Lage als strategisch vorteilhaft einstuften und Einfluss auf sie nahmen. Fast unbehelligt dieses Umstands pflegten die Einheimischen ihre durch agropastorale Lebensweise geprägten traditionellen Kontakte: einerseits untereinander durch die Transhumanz bedingt, andererseits mit Angehörigen benachbarter Sprachgemeinschaften im Rahmen saisonaler Wanderungen (cf. Luneschi 2019, Mitschke 2018/9). So entstanden Dialektlandschaften (cf. Dalbera-Stefanaggi 1991, Blanchet 1992, Tuaillon 2007) in der nationalstaatlichen Peripherie, die, ausgelöst durch die landesspezifische Organisation von Infrastruktur, Schul- und Wehrpflicht, nunmehr Konvergenzprozessen zugunsten der offiziellen Sprachen sowie auch angrenzenden Varietäten ausgesetzt sind.

Wo sich die Nationalsprachen Französisch und Italienisch kreuzen, ergeben sich unterschiedliche Sprachraumkonfigurationen durch den teils zwar anerkannten, aber nicht aktiv praktizierten, teils inständig erwünschten, aber nicht bewilligten Status als Regionalsprachen. Die territoriale Dreiteilung des nordwestlichen Alpengebiets sowie das geringe Sprachbewusstsein der Sprecher erschweren erheblich den Schutz des Frankoprovenzalischen. Demgegenüber müsste es auf Korsika weniger administrative Schwierigkeiten bei der regionalen Durchsetzung einer cuuffizialità geben, doch im zentralistischen Frankreich ist bislang wenig Platz für Minderheitensprachen, so dass das Korsische als italoromanischer Dialekt einerseits mit Italienisch als früherer und andererseits mit Französisch als derzeitiger Dachsprache in einem soziolinguistischen und glottopolitischen Spannungsverhältnis steht. Der geringe Grad an Institutionalisierung sowie die Verteilung über mehrere Départements schadet auch dem Erhalt des Okzitanischen. Auf italienischem Staatsgebiet hingegen gibt es eine relativ große Akzeptanz für Varietäten neben dem Standarditalienischen, die sich auch sprachpolitisch durch regionale Sonderstatute äußert. Alloglotten Sprechergruppen wie der frankoprovenzalischen und okzitanischen wird hier zwar gemäß der Legge n. 482/99 offiziell Schutz zugesprochen, jedoch sind die Handlungsspielräume der sich engagierenden Institutionen auf Dienstleistungen in der Verwaltung beschränkt und dienen kaum dem strukturellen Ausbau oder der Prestigeförderung.

Der Schwerpunkt unserer Sektionsarbeit liegt auf dem Frankoprovenzalischen, Okzitanischen und dem Korsischen, wobei die benachbarten gallo- und italoromanischen Varietäten als zusätzliche Referenzpunkte dienen sollen. Die Sprachen stellen für die Lokalbevölkerungen einen wichtigen identitätsstiftenden Faktor dar, selbst wenn die Sprachen weniger oder teilweise gar nicht mehr verwendet wird (cf. Kailuweit 2014a, Jauch 2016). Folglich haben die heutigen Sprecher der Regionalsprachen gemein, dass sie mehrsprachig sind und neben der Minderheitensprache auch Französisch und/oder Italienisch beherrschen. Ihre Gesamtanzahl sinkt allerdings durch Emigrationen und eingeschränkte intergenerationelle Weitergabe. Trotz der vielzähligen verbindenden Merkmale haben sich entlang der imaginären Linie mindestens zwei verschiedene Varietätenkonstellationen herausgebildet. Das Frankoprovenzalische und Okzitanische haben arealspezifisch zwei Dachsprachen, wohingegen das Verhältnis des Korsischen zu seinen Dachsprachen Französisch und Italienisch nur diachron ist. Als italoromanischer Dialekt ist Korsisch zweifelsohne eine Ausbausprache (cf. Goebl 2015), wohingegen Frankoprovenzalisch und Okzitanisch Abstandssprachen sind, deren Ausbau u.a. am Mangel einer weithin akzeptierten Koiné und Graphie krankt (cf. Martin 2002, Winkelmann/Fröhlich 2018). Ihre Dialektzersplitterung steht der allgemeinen Vorstellung eines zusammengehörigen Sprachgebiets entgegen und lässt Interkomprehension z.T. als Herausforderung erscheinen (cf. Bichurina 2016). Auf Korsika wird der sprachlichen Variation dank Polynomieprinzip (cf. Marcellesi 1986) positiv begegnet und die Einheit vehement sprachpolitisch forciert. Während also allgemein die nationalstaatliche Politik und wirtschaftliche Internationalisierung eher Vereinheitlichungstendenzen mit sich bringen, stärkt die Rückbesinnung auf lokale Kultur und Sprache die Identität der einheimischen Bevölkerungen und bietet im Kontext der Globalisierung Halt.

Ziel unserer Sektion ist es, sowohl auf Ebene der Sprachstrukturen als auch des sozialen Kommunikationsverhaltens den Regionalsprachen und ihren Sprechern in den jeweiligen glottopolitischen Kontexten syn- und diachron Aufmerksamkeit zu widmen, um in verschiedenen Untersuchungsbereichen den Grad der Konvergenz nach außen bzw. der Konzentration nach innen zu erfassen und zu vergleichen. Die Analyse der strukturellen Sprachkontaktphänomene (auf phonologischer, morphologischer und syntaktischer Ebene) soll die Komplexität des Repertoriums berücksichtigen und mindestens zwischen einem basilektalen und/oder einem akro-basilektalen Kontakt unterscheiden. In Bezug auf die einzelsprachliche Innensicht stellen sich etwa die Fragen, welchen historischen und geographischen Kreuzungen bei der internen Sprachentwicklung Rechnung getragen werden muss, inwieweit Koinéisierung fortgeschritten ist oder welche Maßnahmen zur Status- und Korpusplanung betrieben werden. Unter Berücksichtigung der Öffnung gegenüber externen Einflüssen ist von Interesse, welche Arten von Mehrsprachigkeit und Spracheinstellungen es gibt, wie sich die vorhandenen Varietäten dia- wie synchron auf die Domänen verteilen, wie die Wechselwirkungen zwischen National- und Minderheitensprachen aussehen und welche Gradata (cf. Stehl 2012, Jablonka 1997) daraus hervorgehen. Weiterhin gilt es zu vertiefen, in welchem glottopolitischen Machtgefüge sich die Sprachen befinden und wie Migration sich auf die autochthone Sprachgemeinschaft oder ihre Diaspora auswirkt. Die Erkenntnisse über diese Regionalsprachen im Spannungsfeld zwischen Lokalspezifik und Globalisierung sollen durch empirische Forschungsdaten und theoretische Reflexion weiter ausgebaut und verfeinert werden. Die Vielfalt der Konstellationen und Zusammenflüsse bietet ein ideales Szenario für Modellierungen.

Wir bitten um Vortragsvorschläge in deutscher oder französischer Sprache mit einer Länge von höchstens 500 Wörtern (zzgl. Bibliographie) bis zum 31. Januar 2024 an die folgenden Adressen: lorenzo.Filipponio@unige.it, anja.mitschke@hu-berlin.de
Über die Annahme der Beiträge wird bis zum 28. Februar 2024 informiert.

Bibliographie

  • Anderson, Benedict. 122003. Imagined Communities. Reflections on the origin and spread of nationalism. London: Verso.
  • Ascoli, Graziadio Isaia. 1878. Schizzi franco-provenzali. Archivio glottologico italiano 3. 61-120.
  • Assessorat de l’Education et de la Culture (ed.). 2005. Diglossie et interférences linguistiques : néologismes, emprunts, calques. Actes de la conférence annuelle sur l’activité scientifique (Saint-Nicolas, 17-18 décembre 2005). Aoste: Imprimerie Valdôtaine.
  • Blanchet, Philippe. 1992. Le Provençal. Essai de description sociolinguistique et différentielle. Louvain: Peeters.
  • Bert, Michel. 2001. Rencontre de langues et francisation – exemple du Pilat. Lyon: Universität.
  • Bichurina, Natalia. 2016. Trans-border communities in Europe and the emergence of «new» languages: From «Francoprovençal patois» to «Arpitan» and «Arpitania». Perpignan: Universität.
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